Depuis plusieurs mois maintenant et face à la propagation du coronavirus SARS-CoV-2, la majorité des praticiens des centres médico-dentaires ont stoppé leur offre de soin ou limité celle-ci aux seuls cas d’urgence.
À l’heure de la reprise d’une activité plus soutenue, le secteur doit adapter les procédures de sécurité sanitaire déjà en place pour parer la propagation d’un virus singulier dans sa nature comme dans son mode de dissémination.
En effet, à la différence des VIH ou hépatites B et C, le Covid-19 est un virus respiratoire.
La contamination croisée se fait, sans plaie, directement par voie aérienne.
En cela, il ressemble à une grippe ou une rhinopharyngite mais les complications sont potentiellement beaucoup plus graves.
Selon l’association allemande d’hygiène hospitalière, appuyée par les suggestions de l’American National Academy of Science de la Maison Blanche, le virus se propage principalement par la toux, le chant, la parole, voire même par la simple brume formée lors de la respiration.
Alors que le nettoyage des sols et le déplacement du personnel depuis des zones fréquentées par des patients atteints du virus pourraient, dans les hôpitaux chinois, avoir été à l’origine de nouvelles contaminations et qu’en parallèle, un article du New England Journal of Medicine (mars 2020) fait état d’une durée de survie du virus de plus de 3 heures dans des aérosols expérimentaux et de 3 jours sur des surfaces dures telles que le métal ou le plastique, la question du choix de méthodes retenues par les centres dentaires pour purifier l’air et l’ensemble des surfaces parait primordiale.
La contamination de l’air par production d’aérosols, une singularité des soins dentaires
Port du masque vs pratique de soin
Aujourd’hui on sait que le port du masque sert essentiellement à protéger les autres plutôt que soi.
Le fait que de nombreux cas positifs au Covid-19 soit asymptomatiques augmente la possibilité de propagation, les porteurs étant infectieux dans les mêmes conditions que les malades symptomatiques.
Le masque représente donc un moyen de protection de sens commun pour les patients comme pour l’ensemble du personnel.
Pour autant le patient sera évidemment amené à le retirer son masque le temps de soin.
Or la dentisterie se caractérise par la production d’aérosols très puissants du fait de l’utilisation de détartreurs à ultrasons, de seringues air/eau et d’instruments rotatifs à refroidissement par air ou air/eau.
Le nuage de microgouttelettes alors créé est contaminé par la microflore de la bouche et des voies respiratoires supérieures du patient.
La situation est donc tout à fait unique : non seulement le patient ne porte pas de masque et a la bouche grande ouverte, mais sa microflore oropharyngée est puissamment dispersée à l’extérieur par certains traitements dentaires.
Éclaboussures et nuages de microgouttelettes
Il a été démontré (Micik et al., 1969 ; Graetz C et al., 2014) que les aérosols dentaires créent des éclaboussures avec des particules > 50 µm qui ont un comportement que l’on peut qualifier de « balistique ».
Ainsi, elles polluent directement les surfaces faisant face au patient (plateau de l’unité, sol) jusqu’à 2 mètres.
En outre, ces aérosols dentaires produisent un nuage de microgouttelettes < 1 µm, dont des travaux récents ont montré qu’ils peuvent rester en suspension pendant de longues périodes et se propager sur de longues distances.
Concrètement, par rapport au virus du Covid-19, cela implique pour les cabinets dentaires :
- qu’une une fois qu’un aérosol a été produit chez un patient porteur du coronavirus, l’air de la salle est potentiellement infectieux pour toute autre personne.
- que le nuage de microgouttelettes infectées se déposera progressivement sur toutes les surfaces du cabinet dentaire, y compris le sol.
En conséquence, purifier l’air et décontaminer les surfaces sont nécessaires pour limiter les risques de contamination croisée.
Purifier l’air et établir un protocole de nettoyage : les bonnes pratiques pour limiter la contamination croisée
Réduire la formation d’aérosols pendant le traitement
Différentes techniques permettent de diminuer la contamination de l’atmosphère au cours des soins.
Seuls certains traitements, comme ceux énumérés plus haut, génèrent une quantité importante d’aérosols.
Le détartrage manuel ou surfaçage radiculaire, les extractions dentaires, la pose d’implants, comportent moins de risques.
L’utilisation d’une digue dentaire, lorsqu’elle est cliniquement indiquée, peut augmenter la puissance de l’aérosol.
Elle réduira également sa contamination microbienne.
L’aspiration à forte puissance pendant les procédures de création d’aérosols peut atténuer jusqu’à 90% de leur puissance mais sans les supprimer.
Pour autant ce dernier point soulève un nouveau point capital : la nécessité de vérifier la destination de l’air rejeté !
Purifier l’air en continu
Le protocole de sécurité sanitaire devra s’assurer d’un équipement de filtration d’air efficient à l’image des systèmes de ventilation avec filtres HEPA, plutôt efficaces pour abaisser la contamination de l’atmosphère.
En effet, la différence de diamètre entre les pores du filtre et celui des microgouttelettes permettent de diminuer la charge virucide dans l’air.
En revanche les filtres, eux-mêmes fortement exposés, peuvent devenir très infectés.
Aussi, si vous avez opté pour un équipement avec des filtres HEPA 13+ ou supérieur, il est impératif que la solution de maintenance du fabricant propose le changement régulier des filtres, le rythme standard d’un changement par an n’étant pas forcément adapté au volume de votre patientèle.
Il sera alors opéré par un technicien formé et équipé de toutes les protections nécessaires pour éviter les manipulations et les risques de transmissions à vos équipes.
À noter également la limite de temps qui s’impose aux solutions de décontamination de l’air car aucun système n’a d’effet immédiat.
Il faut donc, suivant la superficie de la pièce, le débit du système et un ratio intégrant le cycle de réinjection de l’air propre dans l’air vicié de la pièce, calculer le temps nécessaire au renouvellement total de l’air.
Décontaminer les surfaces et les sols
De premier abord efficace, la pulvérisation d’hydrogène associé à de l’argent colloïdal (Nocospray) est particulièrement contraignante (temps, exclusivité, périmètre de décontamination) pour être intégrée à un protocole de routine de sécurité sanitaire visant à réduire la contamination croisée par le Covid-19.
La solution la plus simple reste le nettoyage et la désinfection manuelle de toutes les surfaces.
C’est une procédure coûteuse en temps (10 à 15 minutes au minimum) et en ressources humaines.
Elle présente toutefois l’avantage de pouvoir être réalisée pendant la décontamination de l’air.
Enfin, l’établissement d’une liste de contrôle permet de vérifier l’ensemble des éléments traités.
Concernant le choix des produits, la plupart des désinfectants de surface courant, manipulés selon les instructions d’utilisation, seront appropriés.
En effet, le SARS-CoV-2 est sensible au savon, aux détergents, à l’éthanol, aux aldéhydes….
Enfin, sachant que tout déplacement entraîne la remise en suspension de particules infectieuses, le nettoyage des sols doit être intégré au process.
Purification de l’air : points de vigilance sur les entrées et sorties
Les compresseurs d’air
La situation est différente selon le lieu d’où provient l’air pompé par le compresseur.
- L’air provient de l’extérieur, pas de problème.
- L’air provient d’une autre pièce : il est important d’adapter un filtre HEPA sur le compresseur pour éviter d’envoyer de l’air contaminé dans les salles du centre médico-dentaire.
La distribution du système d’aération du centre
Là encore, pour éviter tout risque de diffusion du virus, il convient aux praticiens de vérifier où est rejeté l’air aspiré par le système d’aération grande vitesse.
- L’air est rejeté à l’extérieur : tout va bien !
- L’air est rejeté à l’intérieur du bâtiment : au choix, il faut placer un système pour purifier l’air (ventilation UV) dans la pièce où l’air est rejeté ou équiper le tuyau de rejet d’air d’un filtre HEPA.
Les climatisations réversibles
Dans le cas où une pression positive est appliquée, l’air se retrouve généralement expulsé de la salle de soins vers les parties communes et donc les aérosols avec.
L’architecture globale
Ce dernier point est aussi un de ceux qui peut soulever le plus de difficulté à résoudre.
Une architecture ouverte, sans cloisonnement physique entre les différents bureaux, facilite grandement la diffusion du virus.
Cette situation peut se rencontrer exceptionnellement dans des centres dentaires modernes.
Trouver la méthode appropriée pour purifier l’air se gère alors au cas par cas.
C’est malheureusement plus courant dans les hôpitaux ou cliniques dentaires proposant plusieurs fauteuils sont disposés dans un espace ouvert unique où le contrôle de la circulation des nuages de microgouttelettes est alors quasi impossible.
La crise liée au Covid-19 nous contraint à penser différemment les gestes ainsi que les choix d’équipement ou de construction.
La santé des patients, praticiens et personnels d’accompagnement demeure une priorité au sein du secteur médico-dentaire.
Nos équipes sont à vos côtés dans l’étude des solutions assurant la sécurité sanitaire de tous.